Pompes

Comment recycler les condensats de chauffage et de climatisation ?

Recycling von Kondensat

Les eaux que produisent les chaudières à gaz et les climatiseurs, mais aussi les sèches linges, sont issues d’un phénomène de condensation parfaitement naturel. Nos pompes à condensats sont spécialement conçues pour évacuer ces surplus, qu’il est alors possible de récupérer et de réutiliser pour économiser l’eau de ville.

Il faut cependant faire attention aux contraintes de ce type de recyclage, principalement à cause de l’acidité de certains condensats. Voilà donc tout ce qu’il faut savoir pour éviter les mauvaises surprises.

Quels condensats sont acides, et pourquoi ?

Seuls les condensats de chauffage par combustion sont acides. Leur acidification résulte de plusieurs processus chimiques directement liés à la combustion :

  • La combustion produit du CO2, qui forme de l’acide carbonique au contact de l’eau issue de la condensation de la chaudière :
    CO2 + H2O => H2CO3

  • Certaines combustions (charbon, fioul, etc.) produisent aussi une petite quantité de dioxyde de souffre provenant des impuretés contenues dans les carburants fossiles (charbon, fioul, etc.). La dilution du dioxyde de souffre dans l’eau de condensation produit de l’acide sulfurique :
    SO2 + 2H2O => H2SO4+ H2

  • Une ancienne chaudière, ou une combustion mal optimisée, vont aussi produire des oxydes d’azote. L’hydratation du dioxyde d’azote par le condensat forme alors de l’acide nitrique :
    3NO2 + H2O => 2HNO3+ NO

ph scale

Généralement les chaudières à gaz ne produisent que de l’acide carbonique. Elles rejettent donc un condensat à l’acidité modérée (pH 5 en moyenne). Seules les chaudières à gaz les plus anciennes, ou celles qui n’ont pas été correctement réglées à l’aide d’un analyseur de combustion, pourront produire des condensats chargés en acide nitrique, donc plus acide (pH 4 environ).

Les condensats issus des chaudières à carburant fossile (fioul, charbon, etc.) sont bien plus acides à cause de l’acide sulfurique supplémentaire. Présent en petite quantité, cet acide suffit tout de même à faire baisser le pH du condensat autours de 3 en moyenne.

Quant aux condensats issus de climatisation et réfrigération (ou même d’un sèche-linge), ils sont plutôt neutres. Très similaires à l’eau de pluie, ou à l’eau distillée, ces condensats issus du conditionnement de l’air ne dissolvent que très peu de CO2. Ils ne sont pas non plus sujets aux oxydes de soufre ou d’azote, et sont déminéralisés. En sortie de climatiseurs, les études scientifiques relèvent un pH qui peut varier entre 6 et 8 (même dans l’atmosphère polluée d’une grande ville). Sachant qu’un pH 7 représente une neutralité parfaite, ces condensats sont donc parfois très légèrement acides (pH 6 – 6,9), et parfois alcalins (pH 7,1 - 8).

Quels problèmes posent les condensats acides ?

L’acidité pose une difficulté majeure : la corrosion. Les condensats de chaudières à combustion doivent donc être traités avec précaution. Ils percent les conduits d’évacuation en métal (cuivre, fonte, etc.), et vont même grignoter les fondations en béton des maisons. Ce phénomène pose problème au bout de quelques années, il a même provoqué l’effondrement de nombreux bâtiments par le passé.

Aujourd’hui, on utilise donc des conduits en PVC pour évacuer ces condensats. Certaines installations de pointe utilisent aussi un matériau beaucoup plus onéreux : l’inox, seul métal totalement insensible à la corrosion. Voilà aussi pourquoi les conduits d’évacuation des fumées de combustion sont impérativement en inox : ils sont soumis aux mêmes phénomènes de condensation, acidifiée au contact des fumées fortement chargées en CO2, souffre et azote.

acid corrosion

S’il n’y pas d’autre solution que d’utiliser les vieux conduits métalliques d’un bâtiment ancien, il faut impérativement installer une cartouche de neutralisation du condensat en sortie de chaudière. Cette dernière va réduire les acides et remonter le pH autour de 7. Les meilleures cartouches du marché offrent une durée de vie de plusieurs années, qu’il faudra calculer en fonction de l’acidité et de la quantité de condensat rejeté par la chaudière.

Voilà aussi pourquoi les pompes à condensats destinées aux chaudières sont toutes conçues pour être immunisées à la corrosion. Leur méthode est simple : tous leurs composants en contact direct avec les condensats sont en inox ou en PVC. Problème réglé !

Enfin, l’acidité étant bactéricide, il est fortement déconseillé de rejeter du condensat acide dans une fosse septique : il tuera les bactéries qui permettent à la fosse de s’autoréguler. Le rejet au tout à l’égout pose moins de problèmes : le condensat va se diluer et l’acidité se réduire au contact des autres eaux, notamment celles des lessives et savons dont le pH est basique (bien supérieure à 7). Il est tout de même recommandé d’utiliser une cartouche de neutralisation pour préserver certains égouts, mais il n’y a aucune obligation légale en la matière pour les foyers domestiques.

Que trouve-t-on d’autre dans les condensats ?

Les condensats acides de chaudières à combustion peuvent drainer beaucoup d’autres particules et substances. On peut y trouver certains résidus de combustion lorsque cette dernière n’est pas optimisée : des hydrocarbures principalement captés dans les fumées, mais aussi des composés organiques volatiles et autres résidus d’encrassement (suie, etc.). On trouve aussi dans ces condensats acides les conséquences d’éventuelles corrosions : particules de métal oxydé, rouille, mais aussi du béton attaqué par l’acidité.

Côté climatisation, si les condensats ne sont pas acides, ils peuvent eux aussi être contaminés par de nombreux types de pollution de l’air intérieur, à commencer par la poussière. Tout dépend du local climatisé : dans un salon de coiffure par exemple, les condensats de climatiseur seront chargés en laques, et peuvent donc coller, voire boucher certains conduits. Une cuisine chargera le condensat en graisses de cuisson, qui posent aussi problème lorsqu’elle s’accumule. Et ainsi de suite : farine dans les boulangeries, particules de cellulose dans les papèteries, fumées de cigarettes dans les lieux fumeurs, etc.

biofilm

En somme, la principale difficulté posée par les condensats de climatisation, et surtout de réfrigération, c’est le biofilm. Cette substance visqueuse se forme dans les conduits d’évacuation par l’accumulation de bactéries qui se fabriquent un « cocon » pour protéger leur prolifération. Biologiquement, ce biofilm n’est pas très dangereux, mais c’est un fléau pour la maintenance de certaines installations comme les vitrines réfrigérées des supermarchés : il va boucher les tuyaux d’évacuation et provoquer de multiples fuites si les bonnes mesures préventives ne sont pas appliquées.

Pour en savoir plus, nous expliquons toutes ces problématiques de l’air conditionné dans ces deux articles de blog INsights :
- [How to] Comment et pourquoi nettoyer la pompe à condensat d’un climatiseur ?
- Si-1931 Gel-clear : 5 raisons de lutter contre le biofilm dans les supermarchés

À quelle quantité de condensat peut-on s’attendre ?

Il ne faut pas sous-estimer le volume de condensats produit par les chaudières et les dispositifs de refroidissement (climatisation, réfrigération, congélation). Les chiffres sont impressionnants pour les non-initiés !

Chaque heure, une chaudière à combustion va rejeter environ 0,14 litre de condensat par kW de puissance. Pour une chaudière domestique relativement modeste de 10 kW, il est donc possible de récupérer 1,4 litre par heure à pleine puissance, et 33 litres par jours en fonctionnement continu. Sur une semaine d’hiver, si on évalue un fonctionnement à pleine puissance 6 heures par jour en moyenne, on se retrouve avec presque 60 litres de condensat ! En une année, le fonctionnement moyen (1500 heures) d’une chaudière de 24 kW peut produire 5000 litres de condensat !

AC split condensate pumps

Côté climatisation, la production de condensats est encore plus élevée : en fonction de l’humidité relative de l’air, on compte entre à 0,5 et 0,8 litres par heure et par kW de puissance. Pour s’assurer une marge de sécurité, de nombreux techniciens comptent 1 litre par heure pour chaque kilowatt de puissance frigorifique. Typiquement, il faut s’attendre à une production de 20 à 40 litres de condensat chaque jour pour une surface de 100 m². Toutefois, pour un calcul plus précis, il faudra mesurer l’hygrométrie de l’air, la température, la pression absolue, le volume total de la pièce climatisée, la puissance précise du climatiseur et le débit d’air brassé à l’aide d’un anémomètre ou d’un balomètre.

Pour en savoir plus, notre webinaire : Maîtrise de l’air intérieur : la mesure sur bouche

Pour faire simple, si vous climatisez votre intérieur l’été, vous pouvez récupérer environ 600 litres d’eau pure et neutre par mois, ce qui n’est pas négligeable en cas de sécheresse !

Comment recycler les condensats de chaudière ?

Le condensat d’une chaudière est particulièrement délicat à utiliser à cause de son acidité et de son encrassement. Les chaudières à combustion fossile (fioul, charbon, etc.) produisent un condensat peu exploitable car trop chargé en impuretés.

Pour se simplifier la vie, il faut plutôt se concentrer sur les condensats des chaudières modernes à condensation gaz, qui seront plus propres et moins acides (pH 5 en moyenne). Il est généralement conseillé de les neutraliser, mais ce n’est pas une nécessité : certaines plantes apprécient l’acidité légère comme les fougères, iris, camélias, myrtilles, orchidées et toutes sortes d’autres fleurs, plantes vivaces, fruits, légumes qui trouvent leur terreau idéal en milieu acide. Par ailleurs, un simple mélange, naturel ou volontaire, avec l’eau de pluie peut alors suffire à rétablir un pH satisfaisant. Par ailleurs, les plantes apprécient l’azote que l’on peut retrouver dans les condensats de chaudière (acide nitrique), car c’est un élément essentiel de la photosynthèse.

condensate plants

Il n’est pas vraiment conseillé d’utiliser le condensat d’une chaudière pour autre chose que l’arrosage, à cause des impuretés qu’il peut contenir. Il est possible de récupérer la chaleur de ce liquide (entre 30 et 80 °C), ce que les chaudières modernes font déjà en interne. Certains systèmes de chaudière industrielle haut de gamme ne se privent pas non plus de récupérer les condensats chauds pour les réinjecter dans leur arrivée d’eau, ce qui permet d’économiser beaucoup d’énergie. Seule condition : tout le circuit doit être 100 % inox !

Comment réutiliser du condensat de climatiseur (ou d’un sèche-linge) ?

Le condensat des climatiseurs étant neutre et bien plus propre que celui des chaudières, de nombreuses réutilisations sont possibles. Pour les sèche-linges, le type de condensat est similaire (pur et neutre), mais il sera parfois chargé en particules de textiles. Les sèche-linges modernes intègrent une pompe à chaleur et une petite pompe à condensats (différente de nos mini pompes à condensat) faisant remonter l’eau dans un bac au sommet de l’appareil : leur condensat est généralement très propre, sans fibre textile. Voilà comment recycler ce type de condensat : 

  • Alimenter une chasse d’eau 
    À l’échelle d’un bâtiment, l’eau de condensat de climatisation est parfois récupérée pour être injectée dans les chasses d’eau. C’est surtout le cas dans les hôtels, où chaque chambre est équipée d’une climatisation et de toilettes. Il est aussi possible de fabriquer un système similaire à l’échelle domestique, mais c’est une pratique peu courante car moins profitable. 
     

  • Alimenter les fers à repasser et centrales à vapeur 
    Neutre et sans calcaire, le condensat de climatisation a les mêmes avantages que l’eau distillée ou déminéralisée utilisées pour remplir les fers à repasser et centrales à vapeurs. La chaleur catalysant la formation de dépôt de calcaire, il faut une eau déminéralisée pour préserver ce type d’appareil, ce qui est le cas de l’eau issue des phénomènes de condensation. Pour les condensats de sèche-linges chargés en poussière textile, une filtration du condensat à l’aide d’un filtre à café est conseillée. 
     

  • Nettoyages en tout genre 
    Voilà une bonne manière d’économiser de précieux litres d’eau du robinet : faire son nettoyage à l’eau de condensat ! Tout est éligible : rincer ce qui a été en contact avec l’eau de mer, laver les sols et les vitres, shampouiner les tapis, dépoussiérer les meubles et plantes, etc. 
     

  • Arroser son jardin 
    L’eau issue de la condensation d’une climatisation ou d’un sèche-linge est presque trop pure pour les plantes, qui ont besoin de minéraux et de nutriments. Mais elle fournit tout de même l’élément majeur de leur croissance : les molécules H2O ! Il ne faudra donc pas se priver de l’utiliser pour arroser ses plantes de jardin. Après tout, l’eau de pluie est aussi issue d’une condensation, et n’est donc fondamentalement pas plus riche. Il ne faudra toutefois pas oublier d’apporter d’autres minéraux et nutriments, surtout pour les plantes d’intérieur en pot qui n’auront pas d’autre source de nutrition disponible.

dryer condensate

Pourquoi ne faut-il pas boire l’eau des condensats ?

Vous l’aurez compris, il est clairement exclu de boire le condensat issu de chaudière à combustion pour des raisons évidentes de toxicité. 

Quant au condensat de climatiseur, il est aussi déconseillé d’en boire, même si, comme l’eau déminéralisée ou distillée, il n’est théoriquement pas toxique. En pratique, il faut plutôt éviter les impuretés de l’air intérieur que récupèrent les condensats, ou même les poussières accumulées dans les ailettes de son système de refroidissement. Il faut surtout éviter les bactéries qui prolifèrent dans les eaux stagnantes de son circuit d’évacuation, parfois concentrées au sein d’un biofilm peu ragoûtant. Enfin, boire de l’eau pure, sans minéraux ni nutriment, provoque à long terme des carences qui peuvent être dangereuses pour la santé. 

Tags
Condensate Pump

Ajouter un commentaire

Restricted HTML

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Web page addresses and email addresses turn into links automatically.